« Les calligraphes sont des êtres hybrides, ni hommes ni femmes, raison pour laquelle Dieu les retient près de lui. Le sang des calligraphes est différent de celui des autres humains, il s’assombrit au contact de l’encre, leurs plaies sèchent plus vite. Les calligraphes écrivent à l’intérieur d’eux-mêmes puis offrent une vision partielle de leur chair noircie par l’alphabet. On les dit très secrets, ils sont tout simplement pudiques et réticents à révéler leur anatomie. »
Yasmine Ghata
TEG | since 1960
TEG est écrivain, peintre, sculpteur et calligraphe depuis 1980, son travail de prédilection concerne essentiellement le thème de la mémoire et de l’oubli. Depuis 2005, TEG travaille surtout avec les nouvelles technologies mises à sa disposition « calligrafismes » & « numérik-paintings » sous formes d’images palimpsestes, amalgames de techniques mixtes, calligraphies originales, collages informatiques, peintures, pigments, illustrations, numérisations de signes emblématiques, liés et amalgamés en de savants accords.
Pour TEG cette évocation poétique de la connivence des mondes engloutis, prend sa source dans différentes étapes de créations explorées depuis de nombreuses années où, lettres, symboles et images se côtoient indifféremment, en charge simplement d’un univers d’artiste singulier. À une époque complètement bouleversée par le statut de l’image, qu’elle soit numérique ou gravée dans la pierre, concrète ou virtuelle, les échanges constants entre techniques graphiques, informatiques, photographiques, picturales ou calligraphiques invitent le « regardeur », comme disait Marcel Duchamp, à repenser formellement les codes de lectures traditionnels, leurs natures et leurs fonctions.
Après « The Day after » en 1996, « Mnémosis – les calligraphies de l’oubli » en 2010, « Dans les flammes de Notre-Dame » en 2019, TEG présente en 2020 : « Coronavirus – Journal d’un confiné », son dernier opus écrit à la plume d’oiseau, trempée dans du sang séché. Cet ouvrage reste dans la continuité des précédents livres cités et propose une nouvelle donne à son édifice de sable et de nuages toujours en cours de migration…
Michel Crozet